La CFDT d’Otis prend de la hauteur abonné

Devenue première organisation syndicale chez l’ascensoriste Otis, la CFDT a gagné la confiance des salariés par des pratiques de proximité et des propositions qui améliorent les conditions de travail. Elle est notamment à l’initiative d’un système d’organisation des astreintes qui permet de respecter les temps de repos obligatoires.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 14/08/2020 à 07h06

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La fin de l’année 2019 aura été faste pour l’équipe CFDT d’Otis : non seulement la CFDT est devenue première organisation syndicale du groupe à l’issue du cycle d’élections au comité économique et social (CSE) mais elle a également réalisé le score historique de 82,7 % sur l’établissement du Nord, qui regroupe 760 salariés dispersés dans trente départements, de la Manche à l’Alsace. Soit une progression de près de 7 points par rapport au scrutin de 2016 (76 %) et une majorité absolue qui lui confère l’ensemble des sièges des premier et deuxième collèges. Ces excellents résultats, l’équipe CFDT les doit d’abord à son inlassable travail de proximité avec les salariés. Et ce, malgré l’éparpillement des agences Otis et de ses techniciens de maintenance, réparateurs et installateurs, qui passent la majorité de leur temps de travail chez les clients. « Nous, on peut difficilement se mettre à l’entrée de l’usine pour tracter et nous faire connaître », sourit Giuseppe Rocco, le délégué syndical de l’établissement d’Otis Nord, à la retraite depuis janvier 2020. Qu’à cela ne tienne, il a mis toute son énergie militante à bâtir une CFDT forte, en tandem avec Frank Pfister, le délégué syndical central (DSC) depuis 2001. D’abord en privilégiant l’écoute et la disponibilité. Deux qualités qui ont convaincu Damien Goret, technicien supérieur travaux et réparateur, d’adhérer à la CFDT peu après son embauche chez Otis il y a une petite dizaine d’années.

Une écoute toujours attentive de la part des élus CFDT

Écoute et disponibilité
Tels sont les atouts que l’équipe a su développer pour être proche des salariés et des adhérents. Et qui se sont révélés déterminants dans le succès remporté chez Otis. « Ils votent pour nous parce qu’ils nous connaissent, parce qu’on les a aidés à régler certains problèmes. La qualité du service qu’on apporte, c’est cela qui compte », explique Frank Pfister, DSC d’Otis.

Force de proposition
Ultra-majoritaire dans l’établissement d’Otis Nord, la CFDT a été en position de force pour négocier une nouvelle organisation du travail relative aux astreintes, ces périodes hors travail (soirs, nuits et week-ends) pendant lesquelles les techniciens peuvent être rappelés pour réparer, dépanner ou débloquer des ascenseurs ou des escalators. « Dans l’ancien système, les gars étaient sur la brèche 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Désormais, nous avons embauché des techniciens qui travaillent seulement pendant ces périodes », se félicite Giuseppe Rocco, le délégué syndical d’Otis Nord.

Information et communication
Points d’attention constants, l’information et la communication vis-à-vis des salariés et adhérents sont d’autant plus précieuses que ces derniers sont la plupart du temps en déplacement, chez les clients. Un éloignement de l’entreprise encore plus net pour les techniciens chargés des travaux neufs ou de la modernisation des installations, qui sillonnent la France en permanence. Et, comme le reconnaît un adhérent, « la seule manière d’être informé, dans l’entreprise, c’est d’adhérer à la CFDT. Sinon, on n’a rien ».

« À l’époque, j’étais en déplacement sur des chantiers toute l’année. Je voyais des choses qui ne me plaisaient pas et je pensais que ça serait une bonne chose de me syndiquer. J’ai tout de suite su que je pouvais compter sur une écoute attentive. On avait le numéro de téléphone de tous les élus, toujours très accessibles, explique le jeune homme de 33 ans, qui vient d’obtenir son premier mandat de suppléant au CSE. C’est aussi grâce à la CFDT que j’ai bénéficié de rattrapages de rémunération pour mes indemnités de déplacement. C’est un sujet complexe que peu de monde maîtrise. J’avais remarqué des ratés sur mes fiches de paie mais, grâce à la CFDT, on a pu rectifier. »

Comme Damien, les salariés savent qu’ils peuvent trouver auprès des élus CFDT un soutien, un accompagnement, mais aussi des solutions concrètes à leurs difficultés. « Nous avons eu un problème dans une usine du groupe Arcelor où nous avions sur place, en permanence, une équipe de techniciens de réparation et de maintenance. Ces derniers devaient, comme les autres sous-traitants de l’usine, pouvoir utiliser une construction modulaire pour leur vestiaire et avoir un point d’eau. Ce qui n’était pas le cas. Avec Guiseppe, nous sommes intervenus : nous avons menacé d’une grève d’astreinte. Le problème a été réglé fissa. Après, la CFDT était bien identifiée ! », se souvient Cédric Thomas, technicien de maintenance et secrétaire du nouveau CSE.

La volonté de faire respecter les conditions de sécurité

Dans un monde du travail où pression et rentabilité sont les maîtres mots, quitte à prendre de coupables libertés vis-à-vis des principes de sécurité, la CFDT veille au grain : ses élus jouent le rôle de garde-fous. « Les exigences sont telles que nombre de nos techniciens sont contraints de faire les visites de contrôle et de maintenance en courant. Nous, on leur dit : “Vous prenez le temps de faire la visite dans les conditions de sécurité” », explique Guiseppe, qui souligne combien dans leur secteur d’activité la sécurité est déterminante, tant pour le salarié que pour les usagers des ascenseurs. « S’il se produit un accident après notre passage, c’est nous qui allons en taule. Le…

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