COVID-19 2ème vague : témoignage de André, chauffeur routier

Publié le 02/12/2020

Alors que nous connaissons une seconde vague et que nombreux.ses sont les français.es re confiné·e·s, Flash Trait d'Union donne à nouveau la parole à ces femmes et ces hommes qui permettent à la vie de continuer.

Trait d'Union : Bonjour André, peux-tu te présenter

André : Je m’appelle André NUNES, je suis conducteur SPL (Super Poids Lourd) entreprise GEODIS. Je suis Secrétaire du CSE et Délégué Syndical ; Secrétaire Général Adjoint du Comité de Groupe GEODIS ROAD et Délégué Syndical Central Adjoint du Groupe GEODIS, je suis également Secrétaire Général du Syndicat Transports Auvergne qui se compose de 4 départements : Allier, Cantal, Haute-Loire, Puy de Dôme.

 

TU : Peux-tu expliquer en quoi votre activité professionnelle est « essentielle » ?

A : Je dirais qu’au même titre que les soignants ou d’autres professions devenues « visibles », sans le transport tout pourrait être à l’arrêt complet ! Nous assurons la continuité logistique d’énormément de clients indispensables aux autres professions. Par exemple : les livraisons de matériel (médical, pharmaceutique, informatique, bureautique…) mais aussi l’alimentation générale (fruits, légumes, poissons, viandes…) que ce soit pour des grandes ou petites surfaces… 

Nous pouvons féliciter tous les collègues fortement mobilisés pour assurer cette continuité malgré les difficultés rencontrées.

 

TU :  Justement, peux-tu nous parler des difficultés que vous avez rencontrées, et des actions syndicales que vous avez menées ?

A : Lors du 1er confinement l'activité partielle a eu un fort impact sur les salariés, des pertes importantes de chiffre d’affaire dans le secteur Voyageurs (tourisme, scolaire) et jusqu’à 50% de pertes dans le secteur marchandise et donc des risques importants pour l’emploi. Les conducteurs ont dû faire face à des aires de repos fermées, sans parler des restaurants ce qui, en plus des questions sanitaires, leur retirait toute possibilité de lien social car il ne faut pas oublier qu’ils sont loin de leur famille toute la semaine, parfois plus longtemps.

La profession a fortement pesée dans les discussions avec le Ministre des Transports, ce qui fait qu’il y a beaucoup moins d’impacts sur ce 2ème confinement.

Tout le monde s’est mobilisé, organisations syndicales de salariés et organisations syndicales patronales, particulièrement celles de PME, pour interpeller le Ministre et les Préfets pour rendre aux salariés des conditions de travail décentes par l’ouverture des relais routiers, certes pour se restaurer et se doucher mais surtout pour garder ce lien social si important particulièrement dans la période !

Nous avons obtenus la visite du Ministre dans un restaurant routier (Hauts de France), une délégation CFDT a été reçue lors de cette visite afin d’échanger, pendant le repas  avec les « routiers », sur leurs problèmes quotidiens , l’occasion aussi de relancer un certain nombre de revendications : 13ème mois , valoriser le métier auprès des jeunes, le besoin non pourvu de 10 000 postes de chauffeurs, la revalorisation des salaires , le dumping social et ses conséquences futures… 

Nous avons largement relayé dans la presse et valorisé l’unité face aux difficultés. Aujourd’hui plus de 300 relais routiers sont ouverts partout en France et des PME offres leurs locaux pour servir de relais. De plus, un accord APLD pour la branche « Voyageurs » a été signé et un accord est en cours pour la branche « Transport Routier Marchandises », sécuriser l’emploi était très important et nous avons su faire preuve d’intelligence collective pour cela.

 

TU : tu as un message ou un conseil à partager ?

Cette crise sanitaire et les difficultés qui en découlent n’empêchent pas de militer ni de se développer, depuis fin août nous avons régulièrement des contacts et avons fait plus de 40 adhésions, c’est presque 1 adhésion tous les deux jours, majoritairement dans des petites entreprises (-de 20) mais pas seulement, alors ça roule !

 

Propos recueillis par Valérie GUILLAUME