COVID-19 2ème vague : témoignage du syndicat Santé Sociaux 42, et retour sur la visite du Premier Ministre à l'hôpital de St Etienne

Publié le 16/11/2020

A l’occasion de la venue du Premier ministre Jean Castex, le samedi 7 novembre au CHU de Saint Etienne, les organisations syndicales ont été reçues par le collaborateur du premier ministre Hugo Gilardi, Conseiller technique santé du pôle santé, solidarités, protection sociale au cabinet du Premier ministre et Nadège Grataloup, directrice de la délégation départementale de la Loire de l’ARS.

La délégation du Syndicat Santé sociaux de la Loire était composée de Corinne KNAP, secrétaire adjointe du syndicat et responsable de la branche des activités sanitaires, sociales et médico-sociales, Claire CALMARD, trésorière du syndicat, Salim GUEZZOU, responsable secteur sanitaire et Patrice JOANDEL, responsable secteur lucratif.

 

Chaque organisation syndicale ne disposait que de 8 minutes pour intervenir, quels sont les sujets que vous avez prioritairement abordés ?

Nous avons mis le focus sur la situation, au niveau départemental des secteurs d’activité du sanitaire, de l’Aide à Domicile, du social et médico-social : l’absence de clarification de l’application du Ségur dans ces secteurs déjà sous tension, a des effets particulièrement néfastes. Pour mémoire, rappelons que le « Ségur de la santé » de juillet dernier prévoyait un travail spécifique sur la situation des salarié.es des établissements sociaux et services médico-sociaux. Enfance, handicap, aide à domicile...et l’absence de clarification sur la transposition de l’accord salarial dans les établissements privés. Nous avons aussi dénoncé le non-versement de la prime Covid sur plusieurs secteurs notamment l’aide à domicile et le médico-social dans le département. On a aussi constaté que dans certains établissements, en fonction du poste mais aussi du mode de financement de la prime, les règles de versement variaient d’un.e salarié.e à l’autre, ce qui est inacceptable. Enfin, nous avons aussi demander des clarifications sur les dispositions permettant d’anticiper le versement des primes pour le secteur privé car les employeurs refusent d’appliquer cette possibilité, malgré les déclarations du Premier ministre.

 

Quelles sont les premières conséquences à redouter sur ces secteurs ?

Cette crise détériore des conditions de travail déjà difficiles, et l’absence de visibilité sur des mesures qui répondraient vraiment aux attentes des personnels de ces secteurs découragent les soignant.es. Désabusé.es, beaucoup d’entre elles et eux aspirent à changer de métier, et au niveau du secteur sanitaire privé et associatif, nous craignons une fuite des personnels vers le secteur public. Les établissements des secteurs social et médico-social ont déjà dû faire face, ces dernières années, à une augmentation du nombre de patients souffrant de troubles psychiatriques sévères, aujourd’hui, on leur demande en plus de soigner celles et ceux qui sont atteints de COVID afin de ne pas engorger les hôpitaux déjà fortement impactés, et ce, sans formation et sans matériel. Certain.es salarié.es se protègent avec des sacs poubelle en guise de sur-blouse…tout un symbole !

 

« Asymptomatique mais porteur de la covid-19, vous pouvez travailler » telle est la consigne passée en mai dernier par le Haut Conseil de la santé publique à tous les soignants… Qu’en est-il vraiment ?

Effectivement les établissements sont en tension et des personnels atteints de la COVID-19, mais asymptomatiques sont tenus de travailler au risque de propager le virus aux usagers déjà très vulnérables. Un échange commun s’est aussi installé sur le refus d’arrêt de certain.es salarié.es reconnu.es Covid+  en raison de la perte de salaire (jours de carence, perte de prime ….). Enfin, nous avons conclu notre intervention en rappelant l’impact néfaste de la T2A (la tarification à l’activité), la loi de finances de la sécurité sociale et les millions d’économie qu’elle prévoit sur l’hôpital aussi. Monsieur Gilardi a en effet  reconnu qu’une application stricte de la T2A pouvait avoir un effet pervers et que le gouvernement travaillait à un ajustement. Nous avons profité de ce moment pour lui rappeler que, s’ils percevaient enfin les effets pervers de ce mode de financement, il était encore temps d’arrêter le projet Séraphin qui va impacter de la même manière le secteur social et médico-social déjà en grande difficulté….

 

Propos recueillis par Sylvie Excoffier