COVID-19: S'ADAPTER AU TRAVAIL, TEMOIGNAGES DE MILITANTS - ANITA, EMPLOYEE DANS AU LABORATOIRE BOULANGERIE PATISSERIE D'UN HYPERMARCHE
Dans le contexte sanitaire actuel, beaucoup d’entreprises, d’administrations ont mis en place des plans de continuité d’activité. En ayant recours au télétravail, en adaptant les organisations du travail, ou en proposant du chômage partiel, la plupart des travailleurs font face à des situations exceptionnelles. Chaque semaine nous partageons des témoignages de militants CFDT qui vivent ces situations.
Plus que jamais, les délégués ont aussi un rôle essentiel pour être à l’écoute des salariés, de leur vécu, parfois au-delà du strict cadre professionnel." Anita, salariée d'un hypermarché en Haute-Savoie
Trait d’Union : Cela fait 1 mois maintenant que les mesures sanitaires exceptionnelles ont été adoptées. Quel regard poses-tu sur l’organisation du travail au sein de ton entreprise ?
Anita : L’employeur a pris tout de suite la mesure des précautions à respecter tant pour les salariés, qui sont équipés de protection, que pour les usagers (désinfection des caddies, limitation du nombre de clients dans le magasin, marquage au sol, etc…). L’organisation du travail a été modifiée pour renforcer ces mesures quand c’était nécessaire. Ainsi, le personnel assurant la mise en rayon des marchandises travaille désormais sur des plages hors public, de 3h00 du matin à 9h00, excepté deux après-midis par semaine, où il intervient de 12h00 à 15h00, sur des périodes de moindre fréquentation. Le snack qui employait trois personnes étant fermé, les salariés ont été affectés, avec leur accord, sur le drive. Deux ou trois administratifs ont demandé à télétravailler ce qui leur a été accordé. Enfin, les horaires d’ouverture du magasin ont été réduites, et il est maintenant fermé le dimanche matin, et même le lundi de pâques.
En fait les difficultés proviennent davantage des usagers : on observe que certains clients peuvent venir plusieurs fois par jour, ne respectent pas toujours les mesures de distanciation, sans parler des stocks de farine, papier hygiénique, hélas, ce n’est pas une légende. L’affluence ne baisse pas vraiment… Une cliente a même voulu passer commande d’un gâteau pour 40 personnes, ce que nous avons refusé en lui expliquant que les rassemblements étaient interdits ! Nos explications ne l’ont pas convaincue puisqu’elle est repartie avec 5 gâteaux pour 8 personnes chacun.
Trait d’Union : Comment tu vis cette « drôle » de période en qualité de déléguée ?
Anita : Dans mon entreprise, j’observe qu’il y a, en la période, un vrai dialogue social : nous nous réunissons chaque semaine pour faire un point de situation, faire remonter nos observations et préconisations, nos idées pour améliorer la sécurité et donner du sens aux mesures parfois contraignantes qui doivent être adoptées. La priorité de l’employeur en la période est clairement la protection des salariés, et si nous n’avons pas toujours été en accord, nous travaillons en bonne intelligence pour créer des conditions de travail sécurisées et apporter des « petits plus » aux salariés : les viennoiseries de la veille sont mises à disposition du personnel en salle de pause, sur décision de l’employeur. Ce sont aussi ces petits gestes qui comptent. Enfin, l’employeur nous a informé que la prime serait versée, même si pour le moment sa principale préoccupation est la sécurité du personnel.
Plus que jamais, les délégués ont aussi un rôle essentiel pour être à l’écoute des salariés, de leur vécu, parfois au-delà du strict cadre professionnel. J’essaye de faire des tournées régulières et comme il y a moins de travail sur mon poste, j’ai été volontaire pour être aussi à l’accueil du public (désinfection du caddy), cela me permet de voir aussi comment cela se passe, concrètement. Certains salariés vivent aussi des situations personnelles difficiles, avec des proches malades, et il faut trouver les mots (en l’absence de geste) de réconfort. Enfin, il y a aussi beaucoup d’inquiétudes pour la suite, c’est effectivement une période difficile à vivre pour de nombreux salariés.
Trait d’Union : Une remarque plus personnelle ?
Anita : Finalement, même si le travail est épuisant en la période, je pense que j’aurais vraiment des difficultés à vivre cette période de confinement, sans quasiment plus de relations sociales, de contacts. Je trouve que j’ai de la chance de travailler. Comme beaucoup d’autres personnes, je trouve le temps long loin de ma famille, et surtout de mes petits-enfants.
Trait d’Union : Un bon conseil, une idée à partager ?
RESTEZ CHEZ VOUS et respectez les mesures sanitaires, même si elles sont contraignantes.
Propos recueillis par Sylvie Excoffier