COVID-19: S'ADAPTER AU TRAVAIL, TEMOIGNAGES DE MILITANTS - CHIMIE ENERGIE DAUPHINE VIVARAIS

Publié le 01/04/2020

Dans le contexte sanitaire actuel, beaucoup d’entreprises, d’administrations ont mis en place des plans de continuité d’activité. En ayant recours au télétravail, en adaptant les organisations du travail, ou en proposant du chômage partiel, la plupart des travailleurs font face à des situations exceptionnelles. Chaque semaine nous partageons des témoignages de militants CFDT qui vivent ces situations.

"Tout le monde navigue à vue!", Emmanuel, secrétaire général du syndicat Chimie Energie Dauphiné Vivirais

Trait d'Union: Les entreprises de ton champ poursuivent leurs activités dans la période, quels sont les dispositifs mis en place ?

Emmanuel : En grande partie les entreprises du secteur de la Chimie ou de l'Energie restent en activité, à l'exception de la filière du caoutchouc, où la production est stoppée depuis le 19 mars. Dans ce secteur le chômage partiel est utilisé pour la production, et les service supports sont quant à eux pour moitié au chômage partiel, l'autre étant en télétravail. Les services de maintenance en profitent de leur côté pour faire des réparations.

Dans le secteur de la pharmacie les usines sont en suractivité, et ce bien que les productions ne soient pas en lien avec le COVID-19... Dans la Chimie à l’exception de 2 - 3 entreprises toutes ont transformé leur ligne de production pour fabriquer du gel hydroalcoolique ou contribuent à la mise en bouteilles d'air pour les services hospitaliers. Dans ce secteur la suractivité est en lien direct avec le COVID-19... Les stations essence continuent à être alimentées, et compte tenu de la baisse des prix du pétrole, beaucoup de personnes en profitent pour faire leur plein. Dans le papier-carton toutes les entreprises tournent alors même qu'elles ne semblent pas vitale! Elles argumentent donc de la nécessité de fabriquer les emballages de boite pour la pharmacie... alors que nous constatons que la production est tout autre. Dans la plasturgie c'est plus partagé. Les entreprises du secteur de l'automobile sont au chômage partiel quand a contrario d'autres continuent leur production et fabriquent des plateaux repas pour les cantines notamment celles des hôpitaux, conçoivent des capsules avec clapet pour les embouts de seringue (qui remplace ainsi l'opercule en aluminium)... Ces entreprises sont là aussi il va s'en dire en suractivité.

TU : Estimes-tu que les employeurs mettent tout en œuvre pour garantir la sécurité des salariés qui travaillent sur site ?

Emmanuel : Majoritairement oui les employeurs ont mis en place des dispositifs du mieux qu'il pouvaient, avec les moyens dont ils disposent... On constate qu'ils sont souvent "perdus" entre la nécessité d'assurer la production, tout en gérant les dispositions administratives, intégrer les annonces de l'Etat et cela, sans trop savoir pour combien de temps. Tout le monde navigue à vue!

On a constaté que seules trois entreprises avaient vraiment "déconnées". Dans l'une d'entre-elles, une entreprise qui fabrique des isolants pour tuyau, au départ rien n'avait été mis en place. Malgré plusieurs demandes de convocation de CSE extraordinaire, l'employeur n'a rien voulu savoir et restait dans son bureau. Le 20 mars, la section CFDT a fait intervenir l’Inspection du Travail. Résultat, 2 heures après sont passage, l'usine était au chômage partiel.

Dans cette autre entreprise, du secteur du cartonnage, qui fabrique des conditionnements pour des produits du luxe, très peu de consignes ont été indiquées; celles-ci n'étaient d'ailleurs pas applicables car les ouvrières travaillent majoritairement à moins d'un mètre les unes des autres. Les salariées n'ont pas de gel hydroalcoolique, les vestiaires ne sont plus entretenus... La situation est compliquée, mais les salariées, majoritairement composée de femmes ayant des petits salaires, ne souhaitent pas faire usage de leur droit de retrait par peur de "représailles".  Le syndicat est en relation avec l'inspection du travail afin que des mesures soient prises rapidement et qu'elles soient appliquées.

TU : Enfin si tu devais partager un conseil/ une bonne pratique en matière d’action syndicale dans la période, quel.le serait-il.elle ?

Emmanuel : De rester plus que jamais en relation constante avec le plus de salariés possible. Rester en contact avec le syndicat pour échanger sur les pratiques des uns et des autres pour avancer au mieux ensemble.

 

Propos recueillis par Armelle B