COVID-19: S'ADAPTER AU TRAVAIL, TEMOIGNAGES DE MILITANTS - FREDERIC, AGENT DE PRODUCTION DE L'ENTREPRISE LUXFER

Publié le 30/04/2020

Dans le contexte sanitaire actuel, beaucoup d’entreprises, d’administrations ont mis en place des plans de continuité d’activité. En ayant recours au télétravail, en adaptant les organisations du travail, ou en proposant du chômage partiel, la plupart des travailleurs font face à des situations exceptionnelles. Chaque semaine nous partageons des témoignages de militants CFDT qui vivent ces situations.

"Ce que nous fabriquons est d’utilité publique, encore plus dans cette période de COVID puisque les bouteilles d’oxygène sont destinées aux hôpitaux..."

Trait d'Union : Cela fait 1 mois 1/2 que les mesures sanitaires exceptionnelles ont été adoptées. Quel regard poses-tu sur l’organisation du travail au sein de ta boîte ?

Frédéric : La situation est particulière puisque dans une procédure de contestation de licenciements collectifs, différentes procédures administratives et juridiques sont un combat et celui-ci dure depuis 16 mois. L'épidémie de Covid-19 n'a pas eu d'impact sur la situation actuelle de l'entreprise mais l'a rendu encore plus compliquée à gérer. 

J’ai une relation soutenue avec la Direccte, l’intersyndicale et mes collègues puisqu’une procédure d’accompagnement spécifique avec de la formation a été négociée. Des interpellations des différents pouvoirs publics ont été lancées pour reprendre notre activité. Nous gardons le contact avec eux aussi dans la période.

Cette situation d'arrêt total de toute activité génère de l'angoisse chez ceux qui étaient engagés dans une reconversion professionnelle via des formations, celles-ci étant suspendues pendant la période de confinement. Il existe un risque que certains décident de ne pas reprendre leur formation au profit d’une recherche d’emploi. Des négociations sont donc en cours pour prolonger la prise en charge financière des formations avec le même montant de rémunération. Notre combat continu. Enfin de réelles inquiétudes également s'agissant de la reprise d’emploi et de la mise en place et du respect des mesures barrières sanitaires.

 

Trait d'Union : En quoi votre activité est-elle particulièrement utile en la période ?

Frédéric : Ce que nous fabriquons est d’utilité publique, encore plus dans cette période de COVID puisque les bouteilles d’oxygène sont destinées aux hôpitaux, mais également aux pompiers, au SAMU. Sans parler de l’utilisation prescrite pour les particuliers rencontrant des difficultés respiratoires. Nous évoluons dans un marché international, et la période actuelle ne nous permet donc plus l’approvisionnement à ce jour du fait de l’arrêt de la production, ce qui risque d'engendrer des pénuries pour l’Irlande, la Belgique et l’Italie.

Nous avons demandé à reprendre la production au vue de la situation de crise sanitaire mais cela nous a été refusé ; nous avons même demandé à l’Etat de « réquisitionner » l’entreprise en ce sens et pouvoir étoffer le projet de reprise pour lequel nous devrions avoir des réponses dans les semaines à venir.

 

Trait d'Union : Toi comment tu vis cette « drôle » de période ? (conciliation vie professionnelle et vie personnelle)

Frédéric : J’ai mis beaucoup de choses en « stand-by » depuis 16 mois. J’en profite donc pour me ressourcer et passer du temps avec ma famille, je n’ai pas à me plaindre de ce confinement, il y a des situations bien plus malheureuses pour d’autres salariés, demandeurs d’emploi ou même pour ceux qui n’ont pas de toit.

 

Trait d'Union : Un bon conseil, une idée à partager ?

Frédéric : Il faut continuer de se protéger et protéger les autres mais surtout mieux sensibiliser et expliquer les mesures barrières et l’utilisation des masques aux personnes car en porter un, seul dans sa voiture est-ce bien utile… J’espère que les entreprises prendront bien toutes les mesures sanitaires pour les reprises d’activités…

 

Propos recueillis par Valérie G