COVID-19: S'ADAPTER AU TRAVAIL, TEMOIGNAGES DE MILITANTS - JOEL ELU CSE et DS DE L'ENTREPRISE SNF A ANDREZIEUX

Publié le 22/04/2020

Dans le contexte sanitaire actuel, beaucoup d’entreprises, d’administrations ont mis en place des plans de continuité d’activité. En ayant recours au télétravail, en adaptant les organisations du travail, ou en proposant du chômage partiel, la plupart des travailleurs font face à des situations exceptionnelles. Chaque semaine nous partageons des témoignages de militants CFDT qui vivent ces situations.

Nous n’étions pas pour l’arrêt total du site mais nous avons demandé à plusieurs reprises que la direction nous présente un plan détaillé des activités essentielles (par produit et atelier). À ce jour, rien ne nous a été présenté", Joël, DS de l'entreprise SNF

Trait d'Union : Cela fait plus d'un mois que les mesures sanitaires exceptionnelles ont été adoptées. Quel regard poses-tu sur l’organisation du travail au sein de ta boîte ?

Joël : Sur le papier tout était bien, un Plan de Continuité d'Activité nous a été présenté en CSE extraordinaire. Seulement la réalité du terrain était en contradiction avec le PCA. Nous avons fait un DGI car il n’y avait pas de gel hydroalcoolique à disposition dans les ateliers, il y avait une quinzaine de salariés dans les salles de contrôle, l’accès et la place dans les vestiaires était problématique. Les espaces fumeurs étaient trop petits pour accueillir tous les fumeurs dans un temps limité... Des mesures ont été prises par la direction :

  • Décalage des horaires de travail par service,
  • Nettoyage plus soutenu des salles de contrôle,
  • Horaire des espaces fumeurs libre,

Nous n’étions pas pour l’arrêt total du site mais nous avons demandé à plusieurs reprises que la direction nous présente un plan détaillé des activités essentielles (par produit et atelier). À ce jour, rien ne nous a été présenté.

Nous avons fait un 2ᵉ DGI car nous étions inquiets en cas d’accident majeur sur le site. Alors que la direction a toujours été contre le télétravail elle l’a instauré dans l’urgence pour les services administratifs. dans le même temps, la communication du PDG historique est catastrophique, lors des semaines précédant la déclaration du président, il diffusait des communiqués alarmant sur les risques de contagions, puis quand les absences se sont multipliées, alors que les commandes augmentaient, ça a viré au vinaigre. Il s’est même permis de traiter dans une communication interne officielle les personnes confinées de "rats qui se calfeutrent."
Une partie des salariés est en panique face au risque COVID-19 et une autre y voit une opportunité pour faire des heures supplémentaires.

 

Trait d'Union : En quoi l'activité de votre entreprise est-elle particulièrement utile en la période ?

Joël : Une partie de nos produits sert au traitement des boues des stations d’épurations, à la dépollution de l’eau et à la fabrication du papier. Le reste est utilisé principalement pour l’impression papier, l’extraction minière et pétrole.

 

Trait d'Union : Toi ton vécu : Comment vis tu cette « drôle » de période ?(conciliation vie perso/vie prof)

Joël : Après avoir lutté pour que les conditions de travail soit meilleures, je me suis retrouvé en arrêt maladie suspecté COVID19. Ma compagne était inquiète du temps passé à SNF notamment au moment des DGI. Je me suis donc retrouvé confiné à la maison avec toute ma famille. Nous ne sommes pas sortis pendant 15 jours et nous avons été ravitaillés par de la famille proche.

 

Trait d'Union : Un bon conseil, une idée à partager ?

Joël : Cette période me permet de réfléchir à ce qui est réellement essentiel à ma vie et j’en profite aussi pour faire ce que j’avais mis de côté par manque de temps. Je proscris les chaînes d’informations et leurs débats inutiles et anxiogènes, je préfère écouter ou voir les journaux de confinement des humoristes que j’apprécie ou que je découvre. Un dernier conseil : ne paniquez pas et prenez soin de vous !

 

Propos recueillis par Laurent Picoto