COVID-19: S'ADAPTER AU TRAVAIL, TEMOIGNAGES DE MILITANTS - SGEN AUVERGNE

Publié le 08/04/2020

Dans le contexte sanitaire actuel, beaucoup d’entreprises, d’administrations ont mis en place des plans de continuité d’activité. En ayant recours au télétravail, en adaptant les organisations du travail, ou en proposant du chômage partiel, la plupart des travailleurs font face à des situations exceptionnelles. Témoignages de militants CFDT en région qui sont confronté à ces situations.

Marc, professeur d'histoire géographie

Enseignants : un risque d’épuisement ! 

Trait d’Union : le lycée poursuit son activité pédagogique, quels sont les dispositifs mis en place ? 

Marc : On a eu ‘carte blanche’ du proviseur concernant l’utilisation des ENT (espaces numériques de travail). Mais très vite s’est posé le problème des flux numériques en surchauffe, et parfois l’utilisation d’autres outils (tel que discord). Ceci génère en retour le souci de respect du RGPD (avec le recueil de données personnelles) ! Depuis, la Région a mis en place davantage de capacités numériques, et il y a coupure des accès des parents pour limiter les ‘embouteillages’.

Si le métier d’enseignant comporte déjà dans une forme de travail à distance, dans cette période, le contact direct avec les élèves est rompu. En revanche, le rapport est devenu plus étroit avec les parents.

Pendant la première semaine, on a clos les travaux en cours. Depuis, c’est devenu plus difficile, entre les cours en visio, et on constate les inégalités d’équipement des familles. De plus, la fermeture des bibliothèques et des autres services publics prive les élèves de milieu défavorisé de lieux de travail et de connexion importants.

Surprenant, les lycéens n’ont pas une habileté informatique forte, concernant l’envoi de fichiers et la bureautique, qui ne sont pas maitrisés. Personnellement, j’ai proposé un travail d’EMC (enseignement moral et civique) sur le Covid-19 : une recherche est demandée aux élèves par envoi sur le mail des familles. Le résultat devrait être foisonnant !

TU : Estimes-tu que ton employeur met tout en œuvre pour garantir la sécurité et la santé des agents ? 

Marc : Il n’y a plus de personnel sur site. Quelques échanges avec la direction subsistent, mais il y a trop peu d’échanges entre les enseignants.

Avant l'épidémie, l'ambiance avait été très tendue dans mon lycée, avec une scission entre les professeurs sur l'attitude à adopter face aux E3C (des examens de contrôle continu en classe de première). C’est donc une année très exceptionnelle.

Après deux semaines, l’engagement professionnel est entamé : pression, surchauffe, d’autant que beaucoup d’enseignants doivent aussi s’occuper de leurs propres enfants à la maison. Quid du temps de travail, quel droit à la déconnexion ? Jusqu’où ? La préparation de séances d'activités, le traitement des demandes individuelles, la correction des travaux puis le retour global à la classe, tout cela exige un travail fou pour l’enseignant.

C’est l’interaction entre un enseignant et la classe qui est importante, et les ressources mises à disposition sont trop pléthoriques. Il y a donc risque d’épuisement des enseignants très / trop investis, mais comment et auprès de qui le manifester ?

TU : Quel est le dialogue social dans ton établissement, quelles informations ont été faites aux instances en place ? 

Marc : Aucun dialogue social depuis le début de confinement. Nous avons des Informations du ministère, des inspecteurs pédagogiques (sur la continuité pédagogique, les ressources), de la direction  : au départ uniquement les urgences sur les conseils de classe et l’orientation. Vendredi 27 mars, le premier numéro d'un journal hebdomadaire nous a été envoyé par voie numérique pour diffuser les informations de l'établissement. Peu d’informations du Rectorat.

TU : Si tu devais partager un conseil / une bonne pratique en matière d’action syndicale dans la période, quel.le serait-il.elle ? 

Marc : Si les mails ‘de masse’ envoyés par le SGEN Auvergne révèlent une audience accrue - probablement un signe de la connexion et de l'angoisse de beaucoup de collègues-, créer une relation personnalisée de soutien et de réponse avec nos adhérents est important, forcément par mail ou téléphone.

 

Propos recueillis par Nathalie D