COVID-19: S'ADAPTER AU TRAVAIL, TEMOIGNAGES DE MILITANTS - Valérie, agent qualifiée dans une entreprise de propreté
Dans le contexte sanitaire actuel, beaucoup d’entreprises, d’administrations ont mis en place des plans de continuité d’activité. En ayant recours au télétravail, en adaptant les organisations du travail, ou en proposant du chômage partiel, la plupart des travailleurs font face à des situations exceptionnelles. Chaque semaine nous partageons des témoignages de militants CFDT qui vivent ces situations.
Peut être, enfin, être reconnus comme des salariés ayant un travail « essentiel », Valérie agent d'entretien dans un laboratoire pharmaceutique
Trait d’union : Cela fait 1 mois maintenant que les mesures sanitaires exceptionnelles ont été adoptées. Quel regard poses-tu sur l’organisation du travail au sein de ta boîte ? (évolution de la charge, télétravail ou non, effets sur les relations entre les salariés, avec les usagers, inquiétudes, difficultés particulières …)
Valérie : Sur le site où je travaille comme sur d’autres, il y a un renforcement de la décontamination -poignées de porte, interrupteurs par exemple, en permanence, du lundi au dimanche, en 3/8, en ajout des tâches d’entretien habituelles, et ceci afin de permettre une production en continu : deux personnes supplémentaires ont ainsi été affectées pour réaliser cette mission, sans pour autant qu’il n’y ait de création de poste. En effet, du fait de la fermeture de nombreuses entreprises, les agents sans mission ont été affectés en renfort sur les sites le nécessitant.
Trait d’union : Compte tenu de la nature de vos missions, bénéficiez-vous de protections particulières ?
Valérie : Du niveau de la protection des agents de propreté, nous sommes habitués à travailler avec des protections, à respecter des normes sanitaires particulières dans le laboratoire, mais cette obligation a été renforcée sur tout le site alors que d’habitude, ce type d’équipement n’est nécessaire que dans les zones d’atmosphères contrôlées. De même, le travail des agents de propreté a été réorganisé pour respecter les normes de distanciation, y compris sur les temps de pause, les salles étant réaménagées. C’est ce qui, je crois, a le plus affecté les agents : le temps de pause est généralement un temps convivial, et là du fait du nombre restreint d’agents (2 ou 3 en même temps) mais aussi parce que parler avec un masque ne favorise pas une communication aisée, cela impacte aussi nos échanges.
Trait d’union : Cette réorganisation du travail a -t-elle aussi un impact sur la vie personnelle des agents ?
Valérie : en la période, face aux besoins émergents, on demande beaucoup de souplesse aux agents ; par exemple, habituellement, les agents à temps partiel sont avisés de leur modification de planning dans un délai de 7 jours, là, il faut sans cesse réajuster les besoins, au vu des différentes contraintes et exigences des « clients », et ce sont surtout les agents qui ont une charge de famille qui rencontrent des difficultés pour s’organiser. Pour l’instant, il y a un bon dialogue social, mais aussi une bonne coordination avec la déléguée centrale. De cette manière, on a pu réaffecter des salariés sans emploi, demander la prime Macron de 1000 euros par la signature d’une pétition et peut être, enfin, être reconnus comme des salariés ayant un travail « essentiel » pour la continuité de l’activité des autres.
Trait d’union : Un bon conseil, une idée à partager ?
Valérie : Gardons le lien entre collègues, échanger tant sur l’organisation du travail, bien entendu, mais aussi sur le vécu de chacun c’est primordial en la période.
Propos recueillis par Sylvie E