AIR FRANCE : Le point sur la situation

Publié le 13/07/2021

La crise sanitaire a frappé de plein fouet l’industrie du transport aérien qui s’est retrouvée brutalement à l’arrêt dès le début de la pandémie avec comme unique activité des rapatriements.

Bien sûr les des mesures drastiques ont été prises sans attendre, des aides ont été mises en place, mais la reprise sera très lente et incertaine.

C’est ainsi que lors d’un CSE extraordinaire du 7 et 8 juillet 2020, la Direction nous a présenté son projet de fermeture de toutes ses agences en France métropolitaine.

A Lyon, l’Agence avait été refaite et inaugurée 10 mois avant faisant partie du projet baptisé « AGAF 2020 » plan d’investissement des Agences mis en place en 2019 qui était alors présenté par la Direction comme « un gage de la pérennité des Agences dans les grandes métropoles » ! l’entreprise réaffirmait alors son engagement dans l’importance de la vente multi canal.

LA CFDT s’est opposée catégoriquement à cette fermeture. Décision que nous jugeons extrêmement dangereuse quant à l’image d’AF et aux évolutions encore trop incertaines des habitudes des clients. Passer ainsi de tout à rien ne nous permet pas de vérifier les évolutions et le cas échéant de rectifier la stratégie. Nous avons demandé le retrait pur et simple de cette hypothèse. À l'instar d'autres industries ayant réfléchi au devenir du contact face à face, nous avons demandé officiellement d'ouvrir une étude rapide et circonstanciée sur les différentes solutions possibles face à l'évolution des demandes de la clientèle.

Pour la CFDT, le salarié Air France est le meilleur ambassadeur pour communiquer et promouvoir surtout lors d’une reprise ! Nous l'avons tous bien remarqué lors d'épisodes tendus où les commerciaux étaient en première ligne. En agence, beaucoup d'habitués se pressent pour acheter leurs voyages de l'année, été comme hiver. Où iront-ils ? Dans des agences de voyages ? Combien d'agences de voyages ont résisté à la crise ? Et combien revendront Air France en priorité ? Nul ne peut le dire, et c'est un pari bien risqué. L’aérien est attaqué de toutes parts, il faut sans cesse expliquer à la population l’implication d'Air France et KLM depuis des années dans la transition écologique. AF souhaite être leader de la transformation énergétique, une communication de proximité est toujours plus porteuse et pertinente. Qui le fera ? Les agences de voyages ? Internet, ou il y a déjà beaucoup de choses à dire avant d'acheter les billets, entre les conditions générales de vente, dois-je prendre un bagage, etc. ? Les agences sont des vitrines pour la Compagnie et pour moult raisons. Se passer de ce canal de distribution sera sans nul doute une perte à terme et pour la CFDT, une grossière erreur.

Mais le « bulldozer » était enclenché et rien ne semblait vouloir l’arrêter…Ni la pétition, ni nos maintes actions. L’agence a fermé ses portes fin avril 2021 avec un goût amer de grand gâchis, des salariés tristes et résignés devant tant de détermination.

L’incompréhension demeure face à cette décision qui sans nul doute n’apportera pas ou peu de gains économiques.

En parallèle, Air France a déclenché un nouveau Plan de Départ Volontaire et un PDV/PSE sur le secteur du Court Courrier. Afin d'éviter des reclassements contraints vers Paris CDG et des licenciements en cas de refus, des mobilités ont été proposées aux salariés du Court Courrier (Centre d’appels, PNC, Cargo, Escale de Nice et externes AF).

Aujourd’hui à Lyon, nous comptons 30 dossiers validés dans les services Commerciaux (sur 220 salariés), 26 à l’aéroport (sur 270 salariés) et 24 mobilités et une 10 aine au fret.

A ce jour, sur l'escale de Lyon il reste 13 ETP en sureffectif, à reclasser d'ici fin 2022, au global Court Courrier 598 ETP pour une cible à 855 ETP.

Les réorganisations vont débuter car face à cet afflux de départ, les compétences disparaissent et certains services vont une nouvelle fois connaître des restructurations.

À la suite des aides étatiques, des contreparties sont exigées en termes de transitions écologiques et de compétitivité. De fait, le secteur du Court Courrier est largement restructuré avec des fermetures de lignes et des transferts vers Transavia dans le but de concurrencer les low-cost.

Les escales du Court Courrier vont connaître le développement de la sous-traitance, le développement accru du digital et une importante centralisation des postes supports.

Les contreparties demandées par le gouvernement au groupe AIR France paressent inaccessibles tant que la volonté politique ne les accompagne pas.

Comment imposer au groupe Air France une évolution pour plus de développement durable sans l’imposer aux autres acteurs du transport aérien français, alors même que 48% du trafic intérieur est assuré par d’autres compagnies que le groupe Air France ?

Comment envisager une coopération accrue avec la SNCF sachant que cette société sera elle-même confrontée à la concurrence d’ici quelques temps ?

Comment envisager de remplacer l’avion par le train alors que les infrastructures ferroviaires sont quasi saturées et que leur évolution nécessiterait non seulement de très nombreuses années mais aussi de très gros investissements ? (Quand on connait le prix du KM rail).

Bref, l’avenir reste incertain, la reprise timide, mais n’oublions pas que « le plus beau voyage c’est celui que l’on n’a pas encore fait. »