Déconfinement scolaire et conditions de réouverture des écoles

Publié le 30/04/2020

Le 13 avril, le président de la République annonçait une réouverture progressive des écoles et établissements scolaires à partir du 11 mai. Tout en réaffirmant la priorité à la santé et à la lutte contre l’épidémie, il a souligné que la réouverture vise à réduire les inégalités.

Celles et ceux qui mesurent le défi sanitaire et logistique autant que pédagogique d’une réouverture des établissements scolaires dans le contexte épidémique sont nécessairement dubitatifs et inquiets. Ils sont concernés, ils vivent et connaissent leur métier au plus près du terrain, au plus près des réalités parfois différentes d’une situation à une autre, d’un lieu à un autre.
Pour tous les personnels, la CFDT considère que des conditions préalables doivent être impérativement remplies pour garantir la santé des personnels, des élèves et la santé publique.
Ces conditions intègrent nécessairement l’organisation du travail par un dialogue social au plus près des personnels. Il permettra de vérifier la faisabilité des organisations, de recueillir les idées des professionnels qui sont les meilleurs experts sur leur terrain et d’apporter des solutions parfois uniques.
C’est à l’Etat de prendre les décisions d’une reprise des activités et des phases d’un déconfinement.
C’est aux représentant territoriaux de l’Etat et aux collectivités locales d’adapter et de se donner les moyens de la mise en oeuvre de cette décision.
Nous affirmons à la CFDT que le partage, l’appropriation collective et le dialogue social seront incontournables et garantiront en coordination, la réussite de cet enjeu majeur de société.
C’est pourquoi la CFDT souhaite alerter les pouvoirs publics et les exécutifs locaux. Un courrier est parti dès le 29 avril, au préfet du Rhône, Président de région, Président de la métropole, Président du conseil général du Rhône, à chaque Maire du Rhône mais aussi au Recteur et Inspecteur de l’académie afin leur faire des propositions pour assurer dans les meilleures conditions la continuité pédagogique et éducative.

 

L’accueil des élèves décrocheurs et/ou en situation précaire et de fracture sociale ou numérique.
Nous réaffirmons le principe de prioriser l'accueil des élèves décrocheurs et le plus en précarité. Les chiffres de 5 à 8% annoncés par le Ministre sont sous-évalués par rapport aux réalités observées dans les établissements scolaires.

  • Nous demandons une définition claire du qualificatif de « décrocheur » et de réétudier ces chiffres en fonction des réalités observées dans chaque établissement. Il s’agira d’accueillir en priorité les élèves qui n’ont pas bénéficié de la continuité pédagogique quelles qu’en soient les raisons (techniques, matérielles, familiales, sociales,). Dans la Métropole de Lyon et le département du Rhône, nous insistons particulièrement sur les élèves allophones des classes UPE2A.
  • Il faudra pour ce faire que chaque équipe bénéficie des mêmes directives pour définir ces populations en grand besoin. transmission,….) et notamment là où les décisions ont été unilatérales, sans concertation, sans harmonisation avec les personnels éducatifs. Les établissements sont de natures différentes : publics, associatifs ou privés. Il ne doit pas y avoir de différence de mise en oeuvre de l’action éducative.
  • Enfin, nous demandons que soient sollicitées les associations qui ont d’ores et déjà proposé une aide éducative et pédagogique pour ces élèves en difficulté. Les actions devront être coordonnées.

 

S’agissant des transports des élèves, des personnels et les usagers :
C’est un enjeu sanitaire et écologique qui concerne à la fois les professionnels se rendant dans les établissements scolaires, les professionnels du secteur des transports et les élèves, il est donc nécessaire de :

  • Mettre à disposition des masques pour les usagers des transports en commun et des conducteurs de bus.
  • Faire monter les élèves à l’arrière du bus y compris dans les cars hors métropole.
  • Assurer un nettoyage complet des véhicules, et notamment toutes les rampes, après chaque utilisation.
  • De promouvoir l’utilisation des mobilités douces, y compris pour les enfants, en avançant les réflexions suivantes : accès à un abonnement gratuit de location de vélo, accorder une prime achat vélo par les collectivités, renforcer des pistes cyclables larges et sécurisées, renforcer les garages à vélo dans les écoles, collèges et lycées.

 

Concernant l’accueil sur les sites et les équipements de protection individuelle :
Le nettoyage et la désinfection des locaux est un problème majeur. Ils nécessitent un investissement nouveau tant quantitatif que qualitatif.

  • Nous demandons la possibilité de recours à des entreprises privées pour renforcer les équipes existantes. Ces dernières pouvant ne pas être toutes mobilisables (maladie, garde de personnes fragiles, ..)
  • Les équipements de protection individuelle doivent être adaptés en fonction des lieux et des activités et en nombre suffisant. Cela concerne tous les personnels en contact avec des publics, mais aussi les usagers.
  • Une attention particulière doit être portée aux sanitaires qui définiront le niveau d’accueil des élèves et personnels : leur capacité, leur état, les points d’eau, la présence de savon pour permettre les fréquences de lavage notamment.
  • Nous devrons, ensemble, mettre en oeuvre les consignes sanitaires indispensables à l’ouverture des locaux. Nous les attendons, il faut s’y préparer au plus vite. Elles émaneront de l’Etat, des Ministères concernés, et des autorités sanitaires. Elles définiront un cadre de procès, de matériel, de fréquence, …
  • Tests : si un cas est détecté chez un individu, il est nécessaire de détecter la présence du virus pour chacune des personnes qui a pu être en contact avec lui. La question du test préalable reste posée pour l’ensemble des personnels qui seront en activité dans les services publics à partir du 11 mai.
  • Définir pour chaque secteur de l’éducation, des transports, des collectivités locales, un référent-médecin conseil ou médecin du travail.

 

La restauration des élèves
L’accès à une cantine est une garantie de repas équilibrés, proposés à des tarifs sociaux. C’est donc un enjeu de santé alimentaire majeur. Néanmoins, c’est aujourd’hui une source d’inquiétudes car il est difficile d’y assurer une distanciation sociale.

  • Nous demandons des alternatives s’il est impossible de garantir les mesures de distanciations dans les locaux de cantine. Par exemple, l’utilisation des espaces extérieurs pour prendre les repas : installer les chaises et tables à l’extérieur lorsque c’est possible et/ou fournir des repas équilibrés sous le format pique-nique. Cependant l’aspect qualitatif (produits et préparation) et de faisabilité doit être vérifié en fonction des moyens sur site et avec les personnels au plus près du terrain.

 

Etendre la garde des enfants des personnels mobilisés

  • Nous demandons la généralisation des possibilités de garde des enfants dits prioritaires comme ceux des soignants pour les personnels mobilisés au moment de la reprise de la scolarité en mobilisant si besoin les possibilités d’accueil via les associations de l’éducation populaire.

Enfin, nous sommes persuadés que les mesures qu’il faudra prendre dès le 11 mai, dans un cadre de dialogue social, prenant en compte les expériences des acteurs de métier, doit permettre de réussir l’autre enjeu majeur, qui sera celui de préparer la rentrée de septembre. Elle devra être sereine, organisée, acceptée par toutes et tous, mobilisé-e-s, afin de pallier les traumatismes, les manques pédagogiques et assurer une continuité de service public dans le déconfinement qui se poursuivra bien au-delà.

 

Contact presse

Pour la coordination interprofessionnelle CFDT 69, SGEN, SEPR, INTERCO, SGTRIN
Sonia Paccaud- Secrétaire Générale UTI CFDT LYON RHONE : 06 30 55 30 77